Le port en eau profonde de Saint-Quay-Portrieux





                                                Le port de Saint-Quay-Portrieux     



C’est en 1975 que le conseil municipal de Saint-Quay-Portrieux se penche pour la première fois sur l’idée de construire un port dit « en eau profonde ». Mais ce n’est qu’en 1978 sous l’impulsion du Maire François HERY (Maire de 1977 à 1995) que l’idée devient projet.

Pourquoi un nouveau port ?

François HERY réussira à convaincre les différents services de l’état et de la région de la nécessité et des « bienfaits » d’une telle construction. Il écrira dans « Le petit Quinocéen » (son journal électoral) « qu’un port en eau profonde sera le catalyseur du développement de notre région basé sur les potentialités  du tourisme et de la pêche, et que ce nouveau port permettra, par son effet d’entraînement, de favoriser le développement de l’emploi et de l’économie d’une région malheureusement en déclin ».

Or ce projet n’était pas un simple chantier qui serait mené tambour battant. Ce n’est qu’après 10 ans de procédure et 4 procès que le port verra enfin le jour. Les énormes pelles mécaniques feront alors leur arrivée très remarquée dans Saint-Quay-Portrieux en 1988. Les critiques pleuvent. La presse nationale (Le nouvel observateur du 20 juillet 1989) consacre une page entière au sujet, et parle du « Monstre de Saint-Quay-Portrieux, un ogre en béton qui dévore le paysage, les plages et une partie de la vieille ville ».On parle alors d’un « bordel du tonnerre de Dieu, d’un gigantesque tohu-bohu qui secoue la petite ville ». Pour bon nombre d’associations et pour la presse, le chantier est démesuré, surdimensionné, totalement artificiel. La municipalité répondra que « c’est le chantier du siècle ! »

C’est le 17 Septembre 1988 que sera inaugurée la première pierre du port en présence du Maire François HERY, de Charles JOSSELIN alors président du conseil général des Côtes d’Armor, et de celui qui sera le parrain de ce grand port, un certain… Eric TABARLY.

 Le défi était colossal, le nouveau port devant être construit adossé à l’ancien port avec une emprise totale sur la mer. Mais avant de se lancer dans cette grande aventure il aura fallu avant tout étudier le projet et surtout l’impact qu’aurait une telle construction sur l’environnement. Il a fallu reconstituer les mouvements de la mer, étudier les courants, estimer la quantité de sédiments à extraire et à rejeter plus au large. Il a fallu calculer le volume des digues, le poids des enrochements, bref effectuer un travail d’ingénierie qui ne pouvait laisser de place au moindre doute. C’est ce travail qui a permis de définir la superficie, l’orientation du port et de son chenal.

Il aura fallu 2 ans de travaux titanesques pour bâtir ce mastodonte, ouvrage unique entre Cherbourg et Brest. C’était à l’époque le plus gros chantier de travaux publics de Bretagne. C’est un groupe  Niçois « Spada », spécialisé dans la construction d’ouvrages démesurés qui sera chargé de cette construction titanesque, en collaboration avec la SCI de l’Aiguillette et des entreprises locales comme Rault et Nicol.

Dynamitage de roches, construction de digues, de quais et de terre-pleins au moyen d’une véritable armée de camions acheminant quelque 2 300 000 tonnes de matériaux dont 200 000 tonnes d’enrochements en provenance des carrières des environs. Dans un bruit d’enfer, 34 camions gros porteurs déversent 6000 tonnes de blocs rocheux par jour ! Le quai réservé à la pêche est constitué à lui seul de 12 000 m3 de béton.

Le plan d’eau est d’une superficie de 17 hectares protégé par 1350 mètres de digues qui mesurent 15 mètres de hauteur. On y trouve aujourd’hui 1030 postes d’amarrage pour la plaisance et 120 pour la pêche.

 

Le « Nouveau Port de Saint-Quay-Portrieux » a été inauguré le 12 juillet 1990. Malgré les réticences de certains au nom de l’écologie et des dégâts que provoquerait une telle construction, ce nouveau port a donné à Saint-Quay-Portrieux et à la région un formidable essor économique au monde de la  plaisance comme à celui de la pêche. Plusieurs dizaines d’emplois verront le jour au sein de la criée, de l’usine de décorticage et des chantiers navals. C’est sans compter « la carte postale ».

A l’origine le port était géré par une société privée, la Société du Nouveau Port (SNP). Le port de plaisance et les espaces commerciaux rencontrèrent malgré-tout à leur début un succès mitigé, voire difficile. C’est pourquoi en 1998, le département et la commune décidèrent la création du syndicat mixte « Saint-Quay Port d’Armor », puis d’une Régie Autonome, pour assurer la gestion de ce port qui fut alors rebaptisé « Saint-Quay Port d’Armor ».

Comble de l’histoire, certains opposants farouches à l’époque de la construction, vous diront aujourd’hui sans gêne « nous avons bien fait de le faire ! » Quant à ceux qui était pour, ils vous disent non sans un sourire au coin des lèvres « on avait tort d’avoir raison ».

 

 Les chiffres clefs :

1975 : Début de la réflexion au sein du conseil municipal

1978 : Lancement du projet

10 ans de procédure et 4 procès.

17 Septembre 1988 : Premiers coups de pelles. (Baptême de la première pierre avec Héry, Josselin et Tabarly)

2 ans : Durée des travaux

2 300 000 tonnes de matériaux dont 200 000 tonnes d’enrochements apportés.

4 tonnes : C’est le poids moyen d’un bloc de roche.

Superficie : 17 Ha

Longueur totale des digues 1350 mètres. (500 mètres au sud et 850 mètres au nord)

Hauteur des digues : 15 mètres.

Tirant d’eau aux plus basses mers : 3,50 M. Accès 24/24 7/7

Coût à l’époque : 255 Millions de Francs (Environ 50 M Euros)

1998 : La société privée « Société du nouveau port » concède au département et à la ville la gestion du port. Création du syndicat mixte « Saint-Quay Port d’Armor », puis d’une Régie Autonome.

1030 postes d’amarrage pour la plaisance et 120 postes pour la pêche.

8ème port de pêche Français.

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Arnaud COLLIN


Article du Nouvel Observateur 20 juillet 1989

Album photos de la construction du port en eau profonde de Saint-Quay
Cet album photo de plus de 100 clichés existe grâce à Monsieur Pierre ANDROUIN, photographe professionnel qui avait son studio photos au rez de chaussé de la résidence l'Arc en Ciel au port de Saint-Quay-Portrieux. 
Pierre a eu la gentillesse en juin 2020 de me prêter cet album afin de le scanner et d'en faire profiter le plus grand nombre.
Photographe de son état et travaillant sur le port, Pierre a durant les deux années de travaux de construction du port, pris des clichés durant toute la construction, du jour de l'inauguration et de la pose de la première pierre, jusqu'à la livraison de l'ouvrage. Ces photos sont inédites et n'ont jamais été publiées jusqu'à présent.










































































































                                         La fin des travaux a visiblement été validée par le grand patron.





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